Racisme ordinaire entre Paris et Calais
À bord du TGV Paris - Rang-du-Fliers, qui passe par la gare de Calais Fréthun.
Un père et son fils, sur la plateforme entre deux voitures. Un homme monte et leur demande en anglais si c’est bien le train pour Calais. Le père répond “Non, c’est la voiture à côté”. L’homme le remercie et s’en va.
Le père : “Comme ça, il ne sera pas avec nous ici”.
Une seule envie à ce moment-là, lui dire que c’était un abruti.
Un autre jour, toujours sur la plateforme entre deux voitures. À côté de moi, deux hommes discutent. Ils ne sont pas français. Le contrôleur passe une première fois. Quelques minutes après, il repasse “Contrôle des titres de transport”. Je tends ma carte d’abonné, il la regarde à peine “C’est bon, merci” (alors qu’il est censé la bipper pour savoir si mon abonnement est à jour). Il se dirige tout de suite vers les deux hommes : “You go to Calais ?” (les formules de politesse, déjà, tu peux oublier).
L’un des deux tend son justificatif. Le contrôleur l’inspecte durant quelques minutes, rentre dans la voiture avec le justificatif, ne contrôle personne d’autre puis ressort et rend le justificatif.
Contrôle au facies, je pense fortement que c’est illégal. Mais quotidien.
Ces deux hommes qui descendent à Calais Fréthun pour prendre une correspondance pour Calais ville se voient tout de suite refuser la montée par le contrôleur du second train : “Vous allez où?” en se mettant sur leur passage. Son collègue, aussi aimable, avait au moins fait l’effort de poser la question en anglais.
Passer tous les jours par Calais (et donc pas très loin de son camp de réfugiés), c’est entendre et voir le racisme ordinaire. De la part des autorités (police, SNCF) mais aussi et surtout des gens dans le train. Vomir.
Pendant ce temps, toujours à Calais, des centaines d’arbres ont été déracinés, pour raison de sécurité (lire ici, photos © La Voix du Nord).
Des milliers de personnes vivent dans un état d’insalubrité innommable, on ne s’occupe pas de leur trouver une douche, des toilettes, mais on déracine des arbres pour éviter que ces gens ne s’y abritent, ou s’y cachent (oui, ils se cachent là, et alors ? Vu les persécutions, c’est pas plus mal pour eux).
Forcément, des jours ça dégénère entre les forces de l’ordre et ces personnes qui fuient la guerre. Mais vivre dans la boue pendant des jours et des nuits, au bout d’un moment, ça doit fatiguer et énerver.
Je n’ai aucune solution à ce problème de réfugiés, mais clairement, les laisser pourrir dans la boue n’est pas la solution.